La phrase est sortie sans que je m’en rende compte
Bonjour,
Je vous écris parce qu’il y a ce problème.
Et ce n’est pas un poisson en papier collé dans le dos par du scotch, non !
Ou alors ce serait un banc de poissons entier.
Peut-être que ce n’est rien, d’ailleurs,
Un banc de poissons dans l’air du temps,
Ça pourrait même être poétique, un banc dans l’air, n’est-ce pas ?
Mais un poisson dans l’air, ce n’est pas sa place.
Et les 7 lignes au-dessus, elles sont à leur place, peut-être ?
Dit la voix de mon distracteur interne.
J’ai voulu écrire détracteur,
C’est le mot distracteur qui est sorti sous mes doigts.
Comme quoi, ça me titille toujours, le sujet des distractions.
Oui, elles sont à leur place, ces lignes.
Parce que des fois, on sent quelque chose,
Pas encore cette histoire de poisson dans le dos, non.
On sent quelque chose, confusément, même si ça fait longtemps, qu’on ne connaît pas sa place, qu’on a perdu le papier et le scotch.
Et puis, d’un coup, une phrase surgit.
Parce qu’il y a tout le bazar qui a travaillé tout seul en soi et qu’il va bien falloir qu’il sorte un jour !
Pour moi, ça s’est passé lors des assises de la transition écologique, il y a quelques années.
J’étais invité pour faire une courte conférence.
La personne qui organisait l’événement avait vu ma pièce Les lignes de flottaison et voulait que j’intervienne.
Alors j’ai parlé de l’écologie de l’attention, les pubs, les notifs, toussa.
J’ai essayé d’être marrant.
Comme c’était en amphi et que j’ai toujours passé mon temps à me marrer, en amphi,
C’était pas trop dur. Comme un poisson dans l’eau.
Après il y avait des tables rondes, animées par les intervenants.
J’ai donc dû m’y coller, à une de ces tables, en fin de journée, avec mon badge et tout.
Lors de cette rencontre informelle, une dame m’a dit :
Il n’y a pas que les pubs, les distractions qui m’empêchent d’atteindre mon but.
(C’était un projet de coopérative, le projet.)
Ce qui me retient, c’est que je suis sollicitée de toute part, et que je ne sais pas dire non.
Et tout le monde sait que je suis prête à rendre service.
Et d’un coup,
La phrase est sortie de ma bouche sans que je m’en rende compte .
Vous savez, il faut plein de petits non pour un grand OUI !
Elle m’a regardé fixement et m’a demandé :
Vous pouvez répéter ?
C’était sorti tellement vite que je ne me souvenais plus des mots exacts.
C’est sa voisine qui lui a redit la phrase.
On a ensuite discuté du fait qu’elle serait beaucoup plus apte à rendre service si elle était épanouie dans ce qu’elle faisait plutôt que de rester frustrée en aidant les gens à contrecœur…
Il faut plein de petits non pour un grand OUI !
Depuis c’est devenu une sorte de mantra.
Je vous en raconte plus dans cette vidéo :
Pourquoi certaines personnes nous font vibrer ?
Et le poisson dans tout ça ?
On dirait bien que j’ai fini par le noyer.
Merci de m’avoir lu,
À vendredi,
Nicolas
P.S. Beaucoup d’autres histoires vous attendent dans mon nouveau livre : Un an d’attention