Chroniques

Rendez-vous à minuit derrière l’église

Dans l’Égypte antique,
Si pendant que vous parliez à quelqu’un,
Il faisait le scribe,
(Il ne levait pas du tout le nez de son papyrus…)
On n’aurait pas donné cher de sa peau.

La bastonnade,
Les coups de gourdin,
Attaché à un poteau,
Ouille.

Au XVIIème siècle, en France,
Si un quidam restait plongé dans son bouquin
(Fût-ce un incunable…)
Pendant qu’on lui s’adressait à lui,
Il y avait un duel en vue.

Une bonne vieille demande en duel,
Avec le gant jeté au visage,
Et le rendez-vous donné,
À minuit derrière l’église.

Ça rigolait pas, à l’époque.

Mais de nous jours,
Certaines traditions se sont perdues,
Et c’est pas plus mal, des fois.

On peut rester prostré,
Le regard fixe,
Captivé par un mini-monde qui se compte en pouces de diagonale,
Et tout le monde s’en fout.

Les faces bleutées,
Éclairées à vingt centimètres par des écrans lumineux,
Bein y en a partout.

Il y a bien un truc qui me chiffonne, quand-même.

C’est quand, pendant une discussion à plusieurs,
Avec des amis, en famille,
Il y a un beep, puis,

Une personne disparait.

Elle est partie,
Plus là,
Ailleurs.

On était tous là ensemble,
On rigolait,
On était bien,
Puis il y a eu un beep.

Et on en a perdu un(e)

Qui a préféré son rectangle en plastique
À ses amis.

Et c’est normal,
Parce qu’on ne peut pas lutter,
Contre une appli qui nous dit :
Viens prendre ton petit shoot de dopamine,
Viens manger du like.

J’en veux pas au gens qui partent,
Ça me rend juste un peu triste.

Mais par contre les développeurs,
Dans leur Silicon Valley,
Qui jouent au apprentis sorciers,
Avec nos mécanismes de dépendances,

Je les enverrais bien en Egypte antique
Ou au XVIIème siècle,
Voir si on leur pose un like.

Ou pas.

Vendredi prochain, j’abandonne…
Plus de morale à deux balles sur le phone snobbing
J’ai lu qu’un tiers des Français préférerait passer une semaine sans sexe plutôt qu’une semaine sans smartphone. (Étude Bouygues-BETC parue récemment)

Il y a plus rien à faire.
On est foutus.

Ou pas.

À vendredi !