Chérie, j’ai rétréci les gosses !
Bonjour,
Il est 11h05, votre ventre gargouille.
La récré de 10h est passée trop vite.
Celle de 11h aussi.
Encore une heure avant la pause déjeuner.
Vous avez 10 ans et vous en avez déjà marre.
Le bac est dans combien de temps, déjà ?
Ah.
8 ans à rester assis, encore.
Chaise-bureau-tableau.
Comment ça sera plus tard ?
J’espère qu’il n’y aura pas trop de temps passé en mode chaise-bureau-tableau,
Ou chaise-bureau-ordi, plutôt.
Réveil.
Yeah !!! Retour au présent !
Vendredi 2 décembre 2022.
La semaine dernière, c’était Toy Story,
Aujourd’hui, c’est Chérie, j’ai rétréci les gosses !
C’est quoi le prochain ? Les dents de la mer 4, la revanche ?
Pas du tout.
Si vous voulez bien plonger avec moi, le temps de quelques lignes.
Une retombée en enfance.
Vous le savez, j’aimerais bien que, sur cette terre, gravite plus de créativité que de conformisme.
Déjà, parce que nous n’avons pas le choix.
Que si nous continuons à confirmer de nous conformer, ça ne va pas sentir que le Chamallow grillé,
Mais aussi parce que c’est plus drôle, plus riche, plus vivant, plus inventif, de placer quelques vrais morceaux de pulpe de créativité dans le Yaourt de la vie.
Or,
Nous savons que les enfants font preuve d’une créativité fantastique.
Laissez n’importe quel enfant muni de gros feutres de couleur à côté d’un papier peint, vous en aurez la preuve.
Et,
Baudelaire a dit :
« Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté. »
Tellement de débordements d’idées superbement absurdes,
De connexions entre des sujets qui – à nos grands yeux – n’ont rien à voir.
Tout est possible, ou le sera,
On a le temps, l’envie, l’énergie.
Mais c’est après que cela se gâte.
Entre les chaises-bureaux-tableaux de l’école et les chaises-bureaux-ordis du boulot.
Et ce n’est pas l’accélération du monde qui va nous arranger.
En tout cas,
Il semblerait que,
Et ce n’est pas nouveau,
Les adultes se doivent d’être productifs.
Et ça commence aussi à atteindre les enfants.
Ça craint.
Le temps doit être concrètement utile à quelque chose.
Et nous ne restons plus sans rien faire du tout.
Arrgghhhh !
Que se passe-t-il ?
N’avons-nous plus envie de nous enivrer d’un ennui fertile ?
Avons-nous peur de nous sentir inutiles ?
Et ?
Si nous inversions la tendance, la mouvance, la balance ?
Et si nous adoptions volontairement du temps où nous pourrions ne rien faire de strictement utile ?
En grappillant sur nos heures des scroll infinis par semaine (dont nous ne nous souvenons de rien 20 minutes après…)
En récupérant du temps que nous offrons aux surplus d’informations (qui sont toujours les mêmes…)
En utilisant du temps « neutre », dans les transports, dans les files d’attente,
Passer des minutes contraintes à des minutes choisies.
Pour retrouver le sens du jeu.
Pour prendre ce temps, y mettre notre patte, le malaxer, en faire quelque chose de beau, de nouveau, de personnel, de vivant, de chaleureux, d’ardent.
Pourquoi faire tout cela ?
Pour retrouver ce qu’on a délaissé ?
Pour réaliser qu’on s’est peut-être trompé de modèle ?
Parce que notre enfant intérieur, celui qui fut assis en classe, sur des années de bancs, n’a pas dit son dernier mot ?
Je vous en dirai plus le 13 janvier.
Ensemble, nous deviendrons inarrêtables.
Avec un petit oiseau à la place de l’accent circonflexe.
Merci de m’avoir lu,
À vendredi,
Nicolas