Depuis quand c’est cool d’être débordé ?
Bonjour,
Nous l’avons tous vécu, non ?
On est dans une soirée, et il y a toujours quelqu’un qui arrive en retard, tout speed,
Qui ne s’excuse pas, mais se justifie,
Genre qu’il ou elle était trop à la bourre,
Que cette personne a une vie de ouf,
Que c’est parce qu’elle a TROP de choses à faire qu’elle arrive si tard.
Elle a l’air limite contente d’être accablée,
On ne sait pas si elle se plaint ou si elle se vante.
Je sais pas vous, mais moi ça me fatigue,
Rien que de l’entendre,
Raconter qu’elle court dans tous les sens d’un endroit à l’autre,
Elle saute d’une occupation à une autre activité,
Sans souffler,
Sans se poser,
Surtout pas de questions, d’ailleurs…
Vous sentez cette odeur ?
Quelque part entre le pneu brûlé,
L’huile qui chauffe,
Et le déo 72h?
Petit aparté
Sérieusement,
Dans quel monde on vit,
Pour qu’il existe des déos 72h ?
Ya pas moyen de se poser 5 minutes pour se rafraichir ?
Et les pensées, qui prennent plus de temps qu’une douche, on les rafraîchit quand, alors ?
Fin de l’aparté, retour aux choses sérieuses.
Quel est le sombre publicitaire,
En nous montrant des images de gens qui assurent grave sous la pression,
Ou quel est le système économique,
Qui essaie de nous contraindre à penser qu’il n’y a pas le choix,
Qui arrive à nous faire croire que c’est cool d’être débordé ?
Que gérer 1000 trucs et courir dans tous les sens, c’est une qualité ?
Cet espèce de discours du héros qui garde la tête hors de l’eau, quelles que soient les circonstances,
Et qui va même jusqu’à s’en vanter en soirée.
Faisons un petit tour par Wikipédia, si vous le voulez bien.
Karōshi (過労死, (littéralement « mort par dépassement du travail ») désigne la mort subite de cadres ou d’employés de bureau par arrêt cardiaque, AVC ou suicide à la suite d’une surcharge de travail, d’un surmenage ou d’un stress associé trop important.
Puis un autre saut de puce sur un site de statistiques sur le Burn-Out
En mars 2021, 44% des salariés se déclarent en détresse psychologique dont 17% élevée. 2 millions de personnes seraient en Burn-Out sévère.
Ça fait de suite moins rêver, les images des publicitaires qui montrent un type qui sort de sa voiture à la carrosserie bleu-acier, dans son costume bleu-acier,
Et qui lance un regard bleu-acier.
En fait, être débordé, c’est comme être joignable tout le temps.
C’est complètement naze.
Et je vais vous le prouver.
Carl Honoré, dans son livre Éloge de la lenteur,
Explique que dans toutes les entreprises où l’on a réduit le temps de travail,
Ou lorsqu’on a dit aux employés qu’ils peuvent retourner chez eux quand ils ont fini le travail qu’on leur a confié,
Ou quand il est interdit d’envoyer des mails pros après 18h et tout le week-end.
Les rendements sont améliorés,
Il y a moins d’arrêts maladie,
Et surtout,
Surtout,
Les personnes qui travaillent, qu’elles soient employés ou cadres,
Se sentent plus heureuses, plus motivées.
Alors à la prochaine soirée,
Ça donnerait pas plus envie de parler à quelqu’un qui a pu se libérer 3 heures dans sa semaine,
Pour faire des activités créatives,
Ça donnerait pas des conversations enrichissantes, de vrais échanges,
Plutôt que d’écouter une personne se lamenter faussement de son emploi du temps qui craque de partout,
Comme si on allait la plaindre ou l’envier.
Et on parlerait moins de boulot, au passage.
Et si d’ailleurs cette dernière personne c’était nous quelque fois ?
Ou ça a été nous, avant, et je me jette la première pierre.
Il y a un dicton pas très répandu, ok, mais qui me fait rire :
Tout le monde a un voisin qui se balade à poil et si t’as pas de voisin qui se balade à poil c’est que c’est toi le voisin qui se balade à poil.
Si nous sommes à poil, en manque de moments pour nous,
Alors remettons des habits sobres !
Apprenons à dire non !
Jetons nos to-do list !
Reprenons du temps à ceux qui nous en volent !
(Ré)apprenons à ralentir !
À faire confiance à nos ressentis !
À utiliser nos sens !
À être plus présents !
Merci de m’avoir lu,
À vendredi,
Nicolas