Le jeu de cartes Inarrêtables !

Désolé, Victor Ferry !

Victor Ferry, un rhétoricien contemporain, a déclaré récemment : « Cessez de citer, devenez citables. »

Bon, bein, pour le coup, c’est raté.
Je viens de le citer.
La boulette.

Et en plus,
C’est pas fini.

Je sens que je vais récidiver.
Grave.

Parce que prendre une citation et tourner autour, c’est vrai que ce n’est pas forcément intéressant.
Mais en prendre plusieurs et les faire dialoguer,
C’est un autre exercice de jongle.
Beaucoup plus excitant.

Partons d’un choix simple :
Situation : un entre-deux (genre une salle d’attente).
État d’esprit (et de corps) : la flemme.

Ça vous parle ?

Là : deux choix s’offrent à nous.
Bon, en vrai, il y en a plus, mais on est pas là pour compter les feuilles d’artichaut.

Choix n°1 : je regarde la ligne bleue des Vosges (c’est comme cela que l’on appelle un vague horizon distant, au théâtre)
De ma poche droite, je sors mon portable en loucedé, l’air de rien,
Et je plonge.

20 mn de scroll.
Insta, FB, la météo, retour sur FB, insta.

Je dis 20 mn, mais c’est parfois plus.
(On est toujours pas là pour compter les feuilles d’artichaut…)

Choix n°2 : je regarde aussi la ligne bleue des Vosges,
Mais je la regarde vraiment.
Je regarde ce qu’il y a en face, comme si je débarquais d’ailleurs.
Et puis
J’écoute.
Les bruits dans la pièce, dans le bâtiment, dans la rue.
Comme si je les écoutais pour la première fois.

Peut-être que quelque chose va me parler.

Dans ma poche droite, il y a mon portable.
OK,
Mais,
Peut-être que dans mon sac il y a un bouquin ?
Et peut-être aussi que dans mon sac, il y a un carnet et un crayon ?
Et que quelque chose va m’inspirer, dans ce moment d’entre-deux, dans cette flemme ?
Et que peut-être me prendra l’envie de prendre quelques notes ?
Sur un état de corps, un état d’esprit présent ; quelque chose glané dans l’instant ou dans les pages.

Je vous ai dit au début que j’allais récidiver avec les citations.
Vous êtes prêt(e)s pour la rafale ?
(N’en déplaise à Victor Ferry ?)

« N’importe quelle chose devient intéressante si vous la regardez assez longtemps. »
Gustave Flaubert

Bam, punchline !
Essayez, c’est rarement faux.

« La vraie générosité envers l’Avenir consiste à tout donner au présent. »
Albert Camus

Tellement vrai,
Et on va en voir une application concrète dans quelques lignes.

Ce qui nous amène à Antoine de Saint -Exupéry :
« Pour ce qui est de l’avenir il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible. »

Un de mes classiques.
Ça marche aussi bien pour faire les courses que pour aller au paradis.
Si, si. (Même si je ne garantis pas le trajet vers le paradis, mais AU CAS OÙ ! … ça marche)

Et enfin,
Le boss de fin de niveau,
Albert Einstein, qui a déclaré :
«L’intérêt composé est la huitième merveille du monde. Celui qui peut bien comprendre l’intérêt composé en bénéficie, celui qui ne le comprend pas… le paie.»

Là, il parlait d’argent,
De verser une somme chaque mois de son compte courant vers un livret qui rapporte, par exemple.
Les intérêts produisant eux-mêmes des intérêts.

Il ne parlait pas du présent et de l’avenir que nous souhaiterions nous construire avec des émotions et des mots.
Mais gardons le principe.

Et au fait,
À propos de construire,
Jonglons un peu avec les précédentes citations :

La chose intéressante, de Flaubert,
La vraie générosité, de Camus,
L’avenir à rendre possible, de Saint-Ex,
Et les intérêts composés.

Et construisons,
Sans nous priver,
En prenant même du plaisir.

Tout ce que cela demande,
De passer du choix n°1 au choix n°2,
C’est d’être un tantinet plus attentif.
Ce n’est pas une question d’information, genre l’un est meilleur que l’autre, c’est une question de mise en oeuvre.

La bonne nouvelle ?
C’est de plus en plus facile au fur et à mesure.

Ça ne serait pas ça, la vraie richesse de l’instant ?
Prendre ces moments d’entre-deux, de flemme, parfois, et les transformer en expériences sensorielles, de lecture, d’écriture.

Et toutes ces lignes notées dans nos carnets,
Ne sont-elles pas des intérêts composés ?
Des petits morceaux de vécu qui ont du sens ?
Qui, une fois transcrits, une fois relus, une fois assemblés, donnent un tableau qui contient iiiiinnnnnfiniment plus de valeur qu’une somme de dizaines d’heures à scroller accumulées qui n’auront produit que…
Du vide ?
Du rien ?
De la vénération de la déesse Dopamine ?
Celle qui nous laisse en haillons émotionnels ?

Alors,
Au prochain moment d’entre-deux,
Pensez à Flaubert, à Camus, à Saint-Exupéry,
Einstein, aussi, dans une moindre mesure,

Sortez vos carnets,
Et façonnez une brique de vécu,
Qui reste.

Histoire de pouvoir édifier quelque chose qui deviendra peut-être plus grand que vous.
Qui sait ?

Merci de m’avoir lu.
À vos carnets,
Et à vendredi,
Nicolas

P.S. Entre-temps, entre-deux, je vous ai concocté une courte playlist sur la gestion du stress, le fait de regarder plutôt que voir, d’écouter au lieu d’entendre, de ralentir au lien de speeder et plus encore.