Le jeu de cartes Inarrêtables !

Zombies !

La semaine dernière, je vous parlais d’un choix possible à faire au quotidien, dans des situations d’attente, par exemple.
En gros :
Scroller comme un hamster,

Ou
Être présent au monde et en tirer quelque chose.

Ça paraît un peu caricatural comme ça et pas très gentil pour les hamsters…
Surtout qu’ils n’ont pas forcément choisi d’avoir, dans leur cage, une roue qui les entraîne dans une course sans fin.
Et qui les rend dingue, au passage.
(Toute ressemblance avec un système économique actuel…)

N’empêche.
Ça vous arrive encore de vous balader 10 min dans la rue sans croiser un seul zombie ?
Le pas lent et hésitant. La face bleutée, éclairée à vingt centimètres par un écran lumineux, le regard fixe, captivé par un mini-monde qui se compte en pouces de diagonale.

Il y a un vieux proverbe qui dit : si tu veux un remède contre l’ivresse, regarde l’ivrogne.

Ça vous arrive parfois de culpabiliser, parce que vous répondez à un message tout en marchant ?
(Et qu’on puisse vous prendre pour un zombie ?)
Bein, je l’avoue, ça m’arrive parfois et là, je bloque.
Je cherche alors un endroit où garer mes chaussures et où abriter ma frénésie de com’ pour 5 minutes.
Heureusement, c’est de plus en plus rare.
Peut-être aussi parce que j’ai de plus en plus d’embarras.

Bon, maintenant, la lutte contre l’excès d’écrans est devenue un discours classique.
De tout temps, des personnes se sont dressées contre le progrès.

Lors de son arrivée en Grèce, l’écriture a bien été critiquée : elle allait faire perdre la transmission orale, la mémoire et l’imaginaire.
Il a été dit que les dessins animés des années 80 allaient faire une génération de patates de canapé.
Et maintenant certains parlent de fabrique de crétins digitaux.

Nous n’avons effectivement pas assez de recul dans ce bouleversement entre TOUT CE QUE L’ON PEUT FAIRE avec son smartphone
Et tout CE QUE NOUS FAISONS VRAIMENT avec.
(Et combien de temps cela prend de nos si précieuses heures.)

Mais, en tout cas, rien n’empêche d’avoir un avis plus ou moins tranché sur la question.

Perso, je n’ai pas envie de me cogner contre un de mes congénères, en trottant au détour d’un trottoir.
Je vous ai épargné le mot trottinette,
Même si j’ai déjà assisté au spectacle d’un cascadeur audacieux qui faisait triple combo : oreillette – yeux dans l’écran – trottinette à fond.

D’ailleurs,

Si j’imagine à quoi pourrait ressembler l’enfer,
En lieu et place d’une rivière de lave où défileraient des pécheurs hurlants,
Je vois plutôt une longue file de trottinettes, avec des usagers (c’est le petit nom pour les gens qui sont en enfer, c’est pour ça qu’on dit usager de la SNCF ou de la Poste) qui ont le regard fixe sur un petit rectangle en plastique.
Avec du JUL en fond sonore.

Et j’ai une question qui me vient, comme ça, au fil des doigts qui tapent, un tantinet énervés.
(J’inspire, je souffle, je me frotte les oreilles, je cherche une chaleur intérieure (c’est bon, ça va mieux)).

Si vous dites non aux notifications, aux distractions, au scrolling sauvage, à quoi est-ce que vous dites oui ?

Oui au regard
Oui à l’écoute
Oui au toucher
Oui à la découverte
Oui à l’ennui fécond
Oui aux sentiments,
Par exemple.

Et tous ces Oui :
Si nous en faisions quelque chose ?
En garder une trace.
Et pourquoi pas,
Nous sentir un peu plus vivants.

Parce que le quotidien, on voit à peu près à quoi ça ressemble, non ?
Et sans rentrer dans les concepts du ça, du soi et du surmoi :
Est-ce que scroller sans fin, répondre de suite aux messages, être interrompu sans cesse dans ses rêveries, ça serait pas plus proche du ça ?
Est-ce que récolter des petits oui (produits par de petits non, ne l’oublions pas), ça ne pourrait pas aboutir à quelque chose de plus grand que nous ?

Du qui nous sublime
Du qui nous dépasse,
Du qui nous épate,
Du qui nous éclate,
Du qui nous fait rêver.

En une phrase : être beaucoup moins zombie et beaucoup plus créatif.

Merci de m’avoir lu,
À vos carnets,
Et à vendredi,
Nicolas

P.S. Une courte vidéo sur l’art et la manière d’oser être créatif : « Je me suis planté ».

Et la recette du Flow, tiens, au passage !