Le déclic
Bonjour,
Bon allez,
On n’est pas là pour parler météo.
Je me lance :
Pour vous avouer la chose,
Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer dans 4 lignes.
Ni dans 40.
J’ai juste une image un peu abstraite.
Une histoire de plus petit commun dénominateur.
Il va falloir que je fasse des recherches,
Parce que je suis vraiment nul en maths.
Mes souvenirs me disent que c’est le petit truc avec lequel on multiplie ou on divise.
Attendez, je vais vérifier.
…
Ah,
Déjà ça part mal cette histoire.
Ça s’appelle le plus petit dénominateur commun et pas l’inverse.
Et en plus je n’ai rien pigé aux explications.
Mais ce n’est pas l’essentiel.
Parce que cette image un peu abstraite que j’avais en tête,
Elle n’impliquait pas seulement des mathématiques,
Mais aussi de la poésie,
De l’élan,
Des sentiments,
Des ressentis
Et de la curiosité.
Une équation à plusieurs entrées,
Alors que l’on nous a toujours dit à l’école que l’on ne pouvait pas multiplier les pommes avec les oranges…
Pourtant,
Hermann Hesse a parfaitement démontré le contraire,
Dans son livre Le jeu des perles de verre,
Il décrit un art d’une grande richesse et d’une beauté qui donne envie,
Des formes d’exercices de l’esprit,
Où des joueurs conjuguent avec talent la courbe d’une colline, avec un vers de poésie grecque, un coup de pinceau sur un tableau et une formule mathématique.
On y revient toujours, à ces équations, même si elles ne sont qu’une partie du paysage.
L’image abstraite que j’avais en tête impliquait plutôt une attitude face à un moment,
Face à une situation.
Selon comment on la regarde.
Selon comment on y prête attention,
Comment on « l’encadre » dans notre bibliothèque mentale de références.
Si on la voit, si on la vit, comme une chose qui nous donne de l’espoir,
Ou si elle nous plonge dans le doute.
Si selon la façon dont on la regarde (et c’est là qu’intervient la poésie),
Elle nous paraît cruellement réelle ou si une autre interprétation un peu plus sensible peut être produite.
Quel élan, quelle énergie elle nous procure,
Quels sentiments,
Quels ressentis,
Et si on éprouve de la curiosité pour elle.
Ça vous semble flou ?
Normal, à moi aussi.
Mais au fur et à mesure que le texte défile,
J’arrive quand même à préciser mon questionnement :
À partir d’une situation donnée,
Comment passer de la neutralité (ou du doute qui la fin pourrait aboutir à de l’anxiété,) à une forme d’espoir ?
Le petit 1% qui va nous faire passer de l’immobilité à la stagnation, si le doute s’installe,
Ou de l’immobilité au mouvement, si l’espoir se fait lueur.
Ce petit 1%, c’est peut-être ça, le plus petit dénominateur commun, que j’avais au bout de la caboche,
Comme on a un mot au bout de la langue,
Il est sorti par le bout des doigts, en fin de compte…
Ce petit geste qui va nous donner de l’élan.
Qui va nous donner envie d’écouter, au lieu d’entendre,
Qui va nous donner envie de regarder, au lieu de voir,
Qui va nous donner envie d’en savoir davantage,
Qui va nous donner envie de marcher 15 minutes de plus,
Qui va nous faire basculer d’indifférent à curieux,
Au lieu de passer d’indifférent à blasé.
C’est peut-être juste ça, la curiosité,
Ce 1% d’énergie en plus à donner.
On a tous vécu ce moment de déclic,
Mais on ne s’en rend pas toujours compte.
Par exemple,
Au moment de vous écrire,
J’aurais pu tout aussi bien poser ces mots :
Je fais une pause. Il fait trop chaud. On se revoit en septembre. Ce sera un vendredi.
Merci de m’avoir lu,
Nicolas
Cela aurait été frustrant, quelque part.
Mais un élan m’a poussé au-delà de la première phrase,
Une envie de faire, plutôt que de laisser passer.
Et puis, aussi, je me réjouis à l’avance de ces phrases qui s’enchainent,
Qui deviendront polies après deux-trois relectures,
Cette impulsion m’amène jusqu’à 4 lignes,
40, et après.
Et vous ?
Ressentez-vous parfois ce point de bascule ?
Si vous pouviez écrire ce sentiment, cet élan, cette envie, cette lancée, cette poussée,
Si vous pouviez me dire sous quelle forme elle apparaît, chez vous,
Comment la décririez-vous ?
Ça m’intéresse.
Merci de m’avoir lu,
À vendredi,
Nicolas