Le rapport entre un cyprès et la politique ?

Bonjour,

Le troisième flacon, c’est du cyprès,
Une huile essentielle puissante.

Vous inspirez doucement, lentement,
Vous laissez venir l’image…

Ça y est, vous l’avez, votre souvenir :
Une grande bâtisse, au bout d’un chemin de terre.
En fermant les yeux vous pourriez ressentir le vent qui y règne en gentil maître,
Revoir ce haut cyprès qui résiste,
Percevoir de nouveau son parfum.

Le premier flacon était géranium, (qui ne vous évoquait qu’un village fleuri, rien de personnel),
Le deuxième, un parfum citronné qui avait déclenché un peu de salive, après avoir pensé à un citron qui gicle à la coupe.
En insistant un peu vous voyez à présent une table en terrasse et un Perrier frais.

Quand est venu le temps d’ouvrir les flacons du géranium, du citron et du cyprès,
Après les avoir respirés,
Quelques instants plus tard,
Vous avez noté dans votre carnet vos impressions.

Ça fait partie de l’exercice.
Prendre cinq huiles essentielles.
Les respirer doucement
Noter tout ce qu’elles vous inspirent,
Un mot, une phrase, une sensation, une vision, une histoire,
Et relier ces points entre eux.

Pour l’instant nous avons un village fleuri, un verre en terrasse et un mas provençal au bout d’un chemin de terre.

Il reste deux flacons.

Le rapport avec la politique ?
Si lointain que ça ?

C’est que cet exercice qui vise à stimuler un de nos sens, qui nécessite de se poser, de faire appel à sa mémoire, à son imagination pour relier les points qui sont nés de notre inspiration, l’écriture de ce parcours, la poésie même, qui naîtra peut-être de ces sentiments,

Tout cela va à l’encontre de notre tendance à accélérer,
À ne pas prendre le temps
À survoler nos sensations qui apparaissent ponctuellement au milieu de notre course effrénée.

Parce qu’il faut aller vite,
Parce que tout le monde va vite
Parce que la ville entière va vite.

Et j’ai la faiblesse de penser
Que cette tendance est politique
Au sens premier du terme.

Sauf si nous décidons de nous poser un moment,
Sauf si nous décidons d’ancrer une sensation,
À travers le petit exercice dont il est ici question :

Prendre cinq parfums
Respirer le premier lentement
Noter ce qui nous vient
Respirer les autres, en prenant notre temps,
Relier les souvenirs
Comme autant d’éléments,
Puis construire une histoire, un chemin, un récit grâce à ces points.

Aller à l’encontre de la tendance,
Qui nous fait passer plus d’heures devant des écrans
Armes de distractions passives
Que devant un carnet, nos sens et notre imagination
Outils de créations actives.

Je n’ai rien contre les écrans
Même s’ils participent à l’accélération de notre monde,
Ils ont leur utilité, bien sûr,
Encore une fois, c’est la dose qui fait le poison.

Simplement, de temps en temps,
J’aime me poser
Et faire délibérément quelque chose qui vient contrebalancer cette tendance à aller (trop) vite.
Se poser pour ralentir
Ou même l’inverse, d’ailleurs.
Ça marche aussi.

Même pas besoin d’aller à contre courant.

Plutôt se construire une île dans le courant,
Et en faire son domaine, pour un moment.

Un instant privilégié.

Après un verre de Perrier citron en terrasse dans un village fleuri, aller revoir une bâtisse au bout d’un chemin de terre
Avec du vent comme gentil maître,
Et comme repère un cyprès.

Il reste encore deux flacons.
Allons-y doucement
Faisons durer ce moment
Il y a tant à vivre,
Si l’on y prête attention.

À vendredi,

Nicolas

P.S. : si vous souhaitez retrouver mes chroniques et plein d’autres ressources, vos pouvez les retrouver sur le site de sans mon portable. www.sansmonportable.com
Si vous aimez cette chronique, vous pouvez la transférer à un(e) ami(e).
Et si on vous a transféré cette chronique, vous pouvez vous abonner ici.
Je ne partage pas vos infos, pas de spam.
Plutôt danser la lambada (doucement) avec Christine Boutin (parfumée).

Le vertige de l’attention vous nargue ?
J’ai confectionné un petit Pdf,
Quelques pages qui parlent de ce fragile équilibre digital,
Entre ennui et frénésie.
Vous pouvez le télécharger en vous abonnant à ma newsletter.