Un joyeux non-anniversaire !

Bonjour,

Le livre Alice au pays des merveilles est depuis longtemps (tombé comme Alice, lui aussi) dans le domaine public,
Alors j’ai le droit de mentionner le Lapin Blanc,
Celui qui est toujours en retard,
Sa montre à la main.

Vendredi dernier je vous parlais de parfums à travers un exercice simple :

Prendre cinq parfums ou huiles essentielles, ou des choses trouvées dans la nature, par exemple.
Les respirer lentement
Noter ce qui vous vient : image mentale associée, souvenir, sensation, sentiments,
Relier ces notes,
Comme autant d’éléments,
Puis construire une histoire, un chemin, un récit grâce à ces points.

J’avais pris :
Du géranium, et son image de village fleuri,
Du parfum citronné qui inspirait la vision d’un Perrier en terrasse,
Et du cyprès, qui ramenait le souvenir d’un mas provençal au bout d’un chemin de terre.
Avec du vent comme gentil maître.

Il restait deux flacons remplis d’odeurs,
À vous de les imaginer.
Pourquoi pas :
Un parfum boisé-épicé ?
Le reste d’une senteur sur une écharpe ?
Du linge qui sèche ?
Des feuilles froissées dans les mains ?
Une clairière après la pluie ?
Le pot d’une plante lorsqu’on la rempote ?
Du bois fraichement coupé à la scie ?
Une nuque ?

À vous de voir.

Et le Lapin Blanc ?
Qu’est-ce qu’il vient faire ici ?
Est-ce que je vais retomber sur mes pattes ?
Vous le saurez à la fin de l’histoire…

En attendant,

Prenez les trois premiers parfums que je vous ai proposés.
Géranium, citron, cyprès,
Rajoutez-en deux, de votre choix.

Puis construisez une histoire.
Pas forcément dans l’ordre,
Pas forcément un verre de Perrier citron en terrasse dans un village fleuri, avant d’aller revoir une bâtisse au bout d’un chemin de terre et deux autres éléments.

Non.

Votre histoire
Avec un Lapin Blanc.
Toujours pressé.

Qui avale d’un trait son Perrier citron, par exemple
Après avoir traversé en trombe un village fleuri (sans rien voir des fleurs).
Et passer vite fait devant ce cyprès qu’il a toujours vu,
Embrasser vite fait son amie,
Sans l’enlacer.
Sans sentir la trace de son parfum préféré sur son écharpe.
Sans remarquer les bouquets floraux de sa nuque, évidemment.
Pas le temps.

Et ça lui fait de la peine, à son amie,
De le voir comme ça,
Sans avoir le temps d’un ressenti.
Alors que peut-être qu’elle espérait beaucoup de cette visite.
Et que leurs destins mutuels seront à jamais changés après ça.

Pour le petit lapin ?

Pas le temps non plus pour s’arrêter sous l’auvent.
Prendre un rondin de bois fraichement coupé à la scie.
Et en porter une extrémité à son nez.
Incomparable encens.

Pas le temps pour remarquer la fraicheur des draps qui sèchent au soleil.
Pas le temps de faire une promenade dans le bois à côté.
Ecraser quelques feuilles ramassées pour en extraire les effluves,
Encore moins s’arrêter quelques instants dans une clairière.
Beurk ! Il y a des bêtes dans l’herbe.

Mais.

Nous pourrions retourner cette histoire comme un gant.
Prendre chaque élément et y porter notre attention.
Que chacun de ces moments olfactifs soit une richesse.

Un souvenir, un moment de plaisir dans l’instant, une promesse.
Le passé, le présent , le futur.
Si l’on veut garder un ordre temporel aux choses.
Pas obligé, en fait.

À nous de construire ces histoires.
Où chaque parfum est une rencontre,
Qui vaut le temps d’une pause, aussi minime soit-elle,
Juste pour apprécier le moment.

Si vous voulez me faire l’honneur de partager les vôtres, d’histoires
Les vraies,
Ou celles imaginées,
Vécues ou construites de toute pièce grâce à la bibliothèque d’odeurs que nous avons tous en nous,
Cela me ferait plaisir de les lire.

Et si nous croisons le Lapin Blanc,
Suivons-le jusqu’à ces excités de buveurs de thé,
Qui se souhaitent chaque jour un non-anniversaire,
(Sauf un jour par an, logique…),
Et faisons-lui une bonne grosse tisane :
Valériane, verveine, tilleul, passiflore, camomille, houblon, mélisse.
(Au lieu de lui fracasser sa montre.)

Parce qu’il est relou,
Petit lapin,
À courir partout

Surtout que les lapins ont tendance à se reproduire hyper vite,
Et ils font ça rapidement en plus.
Quel gâchis.
C’est pour ça qu’ils sont si nombreux et si nerveux.
À être en retard. Speed. Tout le temps.
C’est pas une vie.

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Plutôt danser la lambada (speed) avec Christine Boutin (en retard).

Le vertige de l’attention vous nargue ?
J’ai confectionné un petit Pdf,
Quelques pages qui parlent de ce fragile équilibre digital,
Entre ennui et frénésie.
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