Nous sommes des éléphants
Bonjour,
La semaine dernière, je vous ai dit qu’il y aurait des éléphants autour de la table.
Bon, ça doit être une grande table.
Ou alors c’est une métaphore.
Ou peut-être même un teasing.
Rien de tel.
Voyez-vous (ça c’est une intro de paragraphe pour que vous imaginiez),
J’ai pour habitude de manger du côté de la table qui est face au mur.
Ça s’annonce vraiment passionnant, cette chronique…
Pas par masochisme.
C’est simplement pour laisser la meilleure place, celle qui est face à la fenêtre.
La galanterie, toussa.
Et quand je me lève en premier le matin.
Je continue à garder cette place.
Parce que c’est la mienne,
Tout simplement.
Et l’autre jour (ça c’est pour donner une vague indication du passé et surtout faire oublier le fait que j’ai oublié la date).
Alors que je me préparais à manger face à un mur,
En mon for intérieur (for sans « t » car il dérive du latin forum – je suis pas là seulement pour vous raconter ma vie – c’est chouette de savoir que nous avons un forum intérieur),
Je me suis exclamé :
Mais je ne suis pas un éléphant !
Alors même que j’étais quelque part autour de la table, à prendre ma place habituelle.
Pourquoi cette exclamation de bon matin ?
Parce qu’un petit éléphant, lorsqu’il est dressé,
Est attaché par une chaine à un arbre.
Aucune chance de s’échapper.
Il essaie, mais se fait mal.
Alors il abandonne.
À tout jamais.
Le pauvre.
Habitué.
Et plus tard,
Lorsqu’il a grandi,
Qu’il est devenu puissant,
Même une simple cordelette,
Attachée à un misérable poteau,
Suffit maintenant à le maintenir en place.
Il ne tente plus de s’échapper alors qu’il le pourrait.
Pourquoi cette histoire ?
C’est que parfois,
Par la force des habitudes,
Les habitudes des routines (toujours la même place à table)
Les habitudes des trajets (parce que c’est plus rapide)
Les habitudes de dire oui (pour ne pas froisser l’autre)
Les habitudes de faire ce qui est attendu (pour ne pas décevoir)
Les habitudes de répondre de suite au téléphone (parce que c’est devenu la norme)
Les habitudes d’être débordé (parce qu’il faut absolument remplir notre emploi du temps)
Les habitudes de paraitre constamment au top (parce que nous voyons tout le temps des gens au top sur nos écrans)
Les habitudes de rechercher l’approbation sociale (pour ne pas nous sentir exclus)
Bein, nous voyons ces cordelettes comme si elles étaient des chaines.
Et nous, autour de la table ?
Nous pouvons opposer de petits non à ces cordelettes qui nous contraignent à dire oui.
Les briser, les casser, les couper, les défaire, les dissoudre.
Ou nous pouvons aussi ne pas en tenir compte, nous en contreficher (pour ne pas écrire nous en contrefoutre).
À chaque fois, un petit non.
Et que pouvons nous faire de tous ces petits non ?
En faire une question active.
Est-ce qu’avoir des routines,
Prendre toujours le même trajet,
Dire oui pour faire plaisir,
Répondre aux attentes,
Être au taquet,
Être submergé,
Faire semblant,
Ce sont des choses que nous choisissons, qui contribuent notre grand OUI ?
Ou plutôt,
Ce sont des choses qui nous prennent notre énergie, parce que nous n’osons pas dire non ?
Mon forum intérieur s’agite.
Le visible n’est que de l’invisible hissé au niveau de nos yeux
A écrit Christiane Singer.
Quelle cordelette va aujourd’hui se hisser au niveau de nos yeux ?
Merci de m’avoir lu
À vendredi,
Nicolas
Plus d’attention, plus de vie,
Plein de petits non pour un grand OUI.
P.S. : si, entre deux cordelettes à dévoiler, vous avez besoin d’une pause et de vous faire du bien en 5 minutes,
Vous pouvez aller voir cette vidéo de musique qui accompagne la respiration :