Pourquoi nous disons oui
Bonjour,
Je continue sur la série de nos petits non et de notre grand OUI.
Pourquoi nous disons et nous faisons de petits oui, au lieu de répondre par de petits non.
Une des raisons, parmi d’autres, est assez évidente : plaire.
Parce que, dès notre plus tendre enfance, alors même que cette tendresse est malléable, nous devons obéir afin de plaire à nos parents,
Obéir (dont l’étymologie est « prêter l’oreille)
On en apprend des trucs, non ?
Et obéir, une fois que l’oreille a bien été prêtée, ça consiste à acquiescer (répondre que l’on accepte la proposition de l’autre).
Et quand on est enfant, on a pas trop le choix d’accepter la proposition de l’autre, même si l’on veut faire la sourde oreille.
Un enfant répond rarement : « Maman, j’ai bien pris en compte ta proposition, malheureusement je ne peux pas lui donner une suite favorable.
J’ai bien enregistré ta requête, ton désir d’ordre qui se manifeste lorsque tu me demandes de ranger ma chambre, et je te félicite d’ailleurs d’avoir appliqué la communication non violente lorsque tu m’as fait l’observation de ma chambre en désordre, que tu m’as partagé les sentiments que cela provoquait chez toi et à quel besoin de sérénité ces sentiments étaient rattachés, ce qui t’a conduit à faire ta demande, somme toute assez raisonnable.
Simplement, j’ai plus envie de jouer à God of War sur ma Playstation, à présent. Hic et Nunc. »
Non.
Un enfant ne répond pas ça.
Soit il répond non et il s’expose à des conséquences.
Soit il dit oui.
Et là tout va bien.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Alors que vous n’êtes plus des enfants ?
(Bien que j’embrasse l’espoir qu’une partie de vous le soit restée…)
En quoi cela pourrait vous concerner ?
C’est qu’à force de dire oui (de petits oui, d’ailleurs), nous en avons pris l’habitude,
Et que nous avons encore des figures d’autorité.
L’approbation sociale en est une.
Ce n’est pas vrai ?
Tout va bien lorsque vous devez prendre la parole en public ?
Pas de mal au ventre, de tremblements, de palpitations ?
C’est bien ce que je me disais.
Et pour obtenir cette approbation sociale, nous sommes parfois prêts à donner de notre temps (personne ne nous le prends, c’est bien le principe de la servitude volontaire).
J’en parle d’ailleurs dans cette vidéo :
D’accord, il y a aussi la curiosité, qui est entretenue par le principe de récompense aléatoire, un biais comportemental bien connu de nos chers amis californiens.
Ah oui !
Parce que j’oubliais !
C’est rarement par la communication non violente que sont obtenus nos petits oui, nos petites grappes d’attention, de nos jours.
Les meilleurs neuroscientifiques de la planète, qui bossent pour les GAFAM, ont des outils largement plus puissants que notre résistance consciente.
Ils ont bien mis à profit les mécanismes d’addiction pour obtenir nos petits oui.
Et tous ces petits oui nous empêchent, retardent, dispersent, diluent notre grand OUI.
C’est bien dommage, et ça peut même avoir des conséquences grave. La suite sur le P.S.
À vendredi,
Je crois bien qu’il y aura des éléphants autour de la table.
En tout cas, j’ai envie d’en inviter quelques uns…
Merci de m’avoir lu.
Nicolas
Plus d’attention, plus de vie,
Plein de petits non pour un grand OUI.
P.S. : Je sais, mes discours sont parfois chiants mais ça me saoule de voir les gens la nuque arrondie sur leurs portables, à force de dire oui.
Dimanche dernier, une dame d’une soixantaine d’année – pas vraiment une teenager – était tellement absorbée par son portable qu’elle n’a pas remarqué un tram qui roulait tranquillement dans sa direction. Elle était au milieu des voies dans un virage. Le chauffeur ne la voyait pas forcément. Elle n’a même pas réagi quand je l’ai interpellée. Elle a tout de même bondi hors des voies lorsque je lui ai hurlé dessus. Le tram était à deux mètres. Je n’ai même pas eu la présence de lui demander après ce qu’elle foutait sur son smartphone pendant qu’elle me remerciait. Dommage. Ça aurait fait une belle petite histoire. Risquer sa vie pendant une pub pour une nouvelle variété de croquettes pour chien ? La recette du pudding zéro calories ? Une réponse à un texto d’Antonio Banderas ?
P.P.S. : si vous voulez ralentir et vous faire du bien en 5 minutes, le temps de deux arrêts de tram,
Vous pouvez aller voir cette vidéo de musique qui accompagne la respiration :